NDdL : centralisation, le mot qui dérange...

Publié le par UDB Saint-Nazaire

2 siècles démographieOUEST-France (pages Loire-Atlantique) expliquait vendredi la position favorable défendue sur N.-D.-des-Landes au sein de l'UDB1 par le fait que le projet "hâterait la réunification de la Bretagne". Sans être faux, le propos est trop court. Il y manque la critique de la centralisation, qui est au coeur du débat.

Ce qu'on peut dire en effet plus justement, c'est que le découpage régional actuel est le fruit de la centralisation, comme l'organisation politique du pays, et qu'un coup de frein à la centralisation des transports - coeur du système - permettrait par exemple de favoriser des transversales comme Brest - Nantes ou Nantes - Rennes, portes de toute la Bretagne vers Bordeaux, Lyon et donc l'Europe du Sud. Et la réunification trouve naturellement un appui dans cette perspective, qui implique un travail en commun.

Occulter cette critique de la centralisation, c'est permettre de penser que le seul fait de faciliter la réunification constitue pour des militants UDB une justification suffisante à la construction de l'aéroport ! Les habitués de ce blog savent ce qu'il en est...

Les adversaires de l'aéroport évitent d'ailleurs soigneusement, en général, de se placer sur le terrain de la centralisation. Leurs motivations écologistes devraient pourtant les inciter à le faire. Carte jpg DP 8068 Paris capitaleLa centralisation génère en effet une demande considérable de transports longs et rapides - avions et TGV pour la capitale - en grande partie inconnue dans les pays décentralisés, où l'on traite les besoins plus près des usagers ...y compris le besoin de transports internationaux. Ce n'est pas par hasard si le fret ferroviaire croît en Allemagne et décline en France : les marchandises sont insensibles à la nécessité des crochets par Paris.

Les porteurs institutionnels du projet d'aéroport sont aussi, paradoxalement, d'une timidité de rosière sur cette justification décentralisatrice du projet. Ils parlent volontiers - et à juste titre - de la nécessité d'un "aéroport du Grand Ouest", mais peinent à faire comprendre qu'il ne s'agit pas d'un aéroport "de plus", mais avant tout d'un rééquilibrage du trafic existant au profit de la région d'origine des passagers. Familiers et dans une certaine mesure bénéficiaires de la centralisation, ils sont mal à l'aise dans un porte-à-faux qu'un militant UDB favorable à l'aéroport ne connaît pas. Ils préfèrent mettre l'accent sur des justifications de second plan, au risque de faciliter la critique.

C'est ainsi que le combat se déroule apparemment à fronts renversés, entre des partisans d'une France décentralisée, voire fédérale, qui mènent un combat hostile à l'aéroport avec des arguments qui confortent la centralisation ferroviaire et aérienne, et des représentants de partis centralisateurs qui défendent un projet qui ne séduit guère certains de leurs amis "parisiens".

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(1) : L'UDB compte aussi des adversaires du projet de NDdL, et a constaté le 18 mars l'impossibilité de dégager une position commune.

Illustration du haut : extraite d'un rapport sénatorial, illustrant la "riquiquisation" des grandes villes françaises par la centralisation au cours des deux derniers siècles, au profit de la région parisienne, vers laquelle cette centralisation, appuyée sur celle des transports, aspire les pouvoirs, les moyens, les emplois, les habitants et les revenus... Cliquez sur la carte pour améliorer (très peu) la lisibilité.

- illustration du bas : Carte INSEE rendant compte de la répartition de la population, des revenus, des "emplois supérieurs", et confirmant celle du haut pour la période récente. Cliquez sur la carte pour le détail.

Publié dans Centralisation

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