Réunification : taggages, enquête, solidarité... Où sont les débats ?

Publié le par Michel FRANÇOIS

Jeunes ou pas jeunes, une demi-douzaine de "militants bretons1" ont "taggé" de nuit il y a peu des trains marqués "Pays de la Loire", et quelques murs du siège de la "région". Il y a eu enquête, arrestations, gardes à vue. Visiblement très au-delà des besoins de la manifestation de la vérité. Cet excès judiciaro-policier a fait l'objet de communiqués, notamment ceux des jeunes de l'UDB, puis de l'UDB. C'est la moindre des choses, tant il semble que, de Quévert à Nantes en passant par Batz-sur-Mer (prétendues "menaces de mort" contre Sarkozy), les affaires ayant trait à la Bretagne bénéficient d'un traitement très particulier.

Mais faut-il pour autant renoncer à regarder calmement les choses en face ?

Les associations, groupements ou personnes favorables à la réunification de la Bretagne, qui n'ont jamais été consultés sur les modalités d'action des auteurs des "taggages" - par exemple - se voient du jour au lendemain sommés de faire acte de solidarité avec "les militants de la réunification" impliqués dans ces taggages. Et plus vite que ça, s'il vous plaît.

Parce qu'ils connaissent la sincérité de la plupart des acteurs, et parce qu'ils partagent évidemment leur ras-le-bol du lavage de cerveau pago-ligérien, beaucoup des militants sollicités font un geste public de soutien ...aux victimes de l'arbitraire policier ou judiciaire. Et les voilà appelés à participer aux actions qui suivent... Et à relayer les appels (Tiens, voilà un relai !).

Gardons les pieds sur terre. La réunification de la Bretagne n'est pas, de manière privilégiée, l'apanage de petits groupes voués à l'action clandestine et aux foudres des tribunaux. Il est trop facile de décider dans son coin de telle ou telle action ayant pour objectif - sincèrement sans doute, ce n'est pas la question - la réunification et, pris la main dans la peinture, de se souvenir qu'on peut avoir besoin ...d'une action plus collective.

Autant s'en souvenir avant...

Les 8 à 10 000 personnes qui se sont retrouvées dans les rues de Nantes le 20 septembre dernier ont placé ensemble la revendication de réunification au rang des vraies revendications populaires.  Elles ont préparé cette action au grand jour, et obtenu le succès espéré : placer au moins pour un temps les "Pays de la Loire" dans le rang des vaincus politiques.

Etait-il urgent, trois mois après, de permettre à cette "région" d'endosser - légitimement pour une partie de la population - la toge du procureur défendant le bien public ? Et de montrer qu'on peut faire moins bien, dans l'obscurité, avec moins de monde ?

Qui gagne à ce jeu-là ? Redisons-le : nos convictions, aspirations et jugements individuels ne sont pas en cause.

Simplement, le courage politique n'est pas d'agir de telle sorte qu'on n'a plus d'autre ressource que de mobiliser les amis les plus proches.

Il est d'agir, sans excès d'impatience ou de maladresse, pour que le cercle de  ces amis s'élargisse. Même si ça consomme moins d'adrénaline.

Nous avons tant à faire ensemble.


1. L'expression, en Loire-Atlantique, exclut de la bretonnité les militants autres que politiques et culturels, par exemple.

Illustrations : d'après images Clipart.

Publié dans Réunification

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article