La réunification contre le mépris de "l'homme breton"

Publié le par UDB Saint-Nazaire

(Femmes et enfants compris, evel just...)

Bretagne socialiste 1981Ainsi, François Hollande subordonnerait la réunification à l'accord de "tous les élus". Autant dire qu'il la refuse.

Autant dire aussi qu'il s'inscrit dans la longue cohorte de ceux pour qui les Bretons n'ont pas droit à une existence collective.

Naguère, le parti socialiste n'a pas eu à regretter de tenir un langage plus proche du coeur et du droit des gens. C'était le cas à la fin des années 70, et jusqu'à l'élection de François Mitterrand. Les mairies socialistes - à commencer en Loire-Atlantique par celles de Rezé et de Saint-Nazaire, adoptaient en nombre le voeu en faveur de la réunification proposé par le CUAB. Un journal socialiste (ci-contre) présentait sur les cinq départements la campagne du candidat qui allait être élu. Ce dernier tenait à Lorient des propos ardents sur le droit à la différence. Il répondait au CUAB1 que sa revendication était "de nature à être prise en compte assez rapidement" si les Français lui accordaient leur confiance.

On sait ce qu'il en est advenu. Les socialistes d'aujourd'hui ne mesurent pas l'ampleur du désamour qui s'en est suivi à l'encontre de leur parti parmi ceux qui les ont cru, et dont le nombre déborde de loin les effectifs de Bretagne réunie. Cette déception en a rejoint pas mal d'autres.

Sans doute beaucoup ont-ils continué à voter PS, poussés par le rejet plus urgent encore de la droite. Mais les coeurs n'y sont plus.

Il n'est pas très difficile de comprendre que l'accès au pouvoir donne envie de s'y maintenir, et donc d'utiliser à son profit la centralisation de l'État, raison fondamentale d'un découpage régional chargé de gérer les routes de Paris. Michel Phlipponneau me confiait un jour que, devenu président d'une commission parlementaire, un nouveau député PS, qu'on avait vu marcher en tête d'une des premières manifestations pour la réunification, lui avait glissé dans l'oreille qu'il ne fallait plus en faire trop sur ce thème...

La Chapelier IsaacLa France - sans doute le pays d'Europe qui compte le plus de minorités - fait dire à sa Constitution qu'elle ne peut pas en avoir, et donc qu'elle n'en a pas. Ça fait souvent rire à l'étranger, mais ça suffit pour dénier aux Bretons - et à d'autres - tout droit collectif à un territoire, comme tout droit à un usage public normal du breton. Le déni  - de droit ou de fait - de l'humanité des Noirs a "permis" - plus dramatiquement  encore, bien sûr -  de les déraciner, de les transplanter, de casser leurs familles, de les faire travailler de force, etc. Comme la négation de tout droit collectif des salariés par les juristes de la Révolution  - tel le Rennais Le Chapelier (gravure ci-contre), accessoirement conseiller juridique et politique des négriers nantais ! Le monde est petit...- a permis de les surexploiter davantage jusqu'à la légalisation des syndicats en 1884.

Quel tribunal aurait reconnu leurs "droits" ? Aucun, c'était fait pour.

Les Bretons, qui n'ont pas attendu le feu vert de la rue de Solférino de l'époque pour créer à Nantes (en 1900) la Fédération socialiste de Bretagne, ont perdu avec cette structure un parti socialiste proche du peuple, directement branché sur les syndicats, les coopératives et les mutuelles. Les socialistes bretons ont en effet dû se départementaliser quelques années plus tard. La Bretagne n'y a rien gagné, la centralisation, si... 

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(1) : Comité pour l'Unité administrative de la Bretagne, devenu Bretagne réunie, dont j'étais alors le secrétaire général. La réponse m'a donc été adressée, ce qui m'a valu indirectement d'être entendu (je ne dis pas "interrogé") pendant cinq heures par la police judiciaire en 1989 à la suite de l'explosion d'une bombe à l'Hôtel de région. Les auteurs de l'attentat avaient signé leur geste en laissant sur place une copie de la réponse de François Mitterrand !

Publié dans Réunification

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